Compte-rendu de la mobilisation des Psychologues en colère !

Une profession a été très sollicitée…

… notamment lors de cette période pandémique que nous avons connue ; cela a remis en perspective à quel point les psychologues sont utiles à la santé publique, rappelant par là-même la nécessité d'avoir accès facilement aux soins psychiques, ce que précisément a évincé la loi HPST (Hôpital Patient Santé Territoire) promulguée en 2009. 

Si le médical et le paramédical ont toute leur place au sein des hôpitaux, il s’avère que le soin psychique des patients, des soignants et de l’institution a toute sa légitimité également et doit être considérée avec ses particularités, mais ses singularités aussi. Ainsi les psychologues ne sont ni des médicaux, ni des paramédicaux, mais des cadres travaillant à la conception du soin psychique dans toutes ses dimensions.

Une profession refusant la marchandisation des soins

La formation minimale  DESS / Maste II, est le requis pour pratiquer et cela depuis les années 60.
Ainsi aucune revalorisation des statuts, ni en terme de classification, ni en terme de salaire n'a eu lieu depuis de nombreuses années. Il est grand temps de favoriser l'embauche de psychologues cliniciens dans les structures afin de redonner de l'humanité aux soins (tant pour les soignants que les patients), tellement appauvrie par la tendance gestionnaire à marchandiser les soins.

Ce monde capitaliste au vouloir toujours plus avec toujours moins, permet de moins en moins, voire plus du tout, les espaces de pensées et d'élaborations psychiques pourtant tellement importantes pour tout un chacun.
 

Contexte d'urgence

Les psychologues mesurent à quel point il y a urgence à pourvoir les accès aux soins psychiques, d'autant plus dans un monde meurtri par un contexte sanitaire et sociétal mis grandement à mal depuis tant de temps. 
La psychiatrie et la gériatrie sont abandonnées à leur sort, considérées comme non rentables par les gouvernements successifs, et ipso facto par les ministères et ARS.

Il y a urgence a remettre de l'humanité entre les humains,
nul n'est robot : ni soignants, ni patients, ni parents, ni familles.

Dans tout hôpital, chaque patient doit avoir la possibilité d'accéder à un psychologue sur simple demande. 
Cependant les ARS et hôpitaux permettent-ils des effectifs suffisants pour cela ?… trop peu de temps, trop peu de postes sont dédiés dans les services pourtant nécessiteux. Trop peu d'intérêt de la part des directions pour le pan psychique, alors que les soins ne peuvent être pensés en faisant fi de cette dimension.
Il est nécessaire que les psychologues, cadres concepteurs de soin, aient des moyens alloués à leur organisation interne — à savoir les collèges par exemple — pour la mise en œuvre du projet psychologique d'Etablissement.

Notre délégation composée de Tamara Guénoun, représentante du SIUEERPP, Blandine Riamon et Sophie Claris , représentantes du SNP, nous même, Ali Karaüzüm et Martine Saget représentants le Collectif des Psychologues CGT, et Denis Tremaux du CH Le Vinatier, a été reçue plus d'une heure par Mme Claire Dugros, cheffe adjointe du cabinet du préfet et le Dr Emmanuel Guichard de l'ARS.

Nous avons pu rappeler nos principales revendications, en expliquant leur contexte, en les illustrant et en développant notre argumentaire. Nous avons ainsi demandé : 

• Le libre accès direct aux psychologues pour tous, sans prescription médicale
• Le renforcement des psychologues dans le service public (CMP, CMPP…, création de postes dans les CMP, EHPAD et services hospitaliers ne disposant pas de psychologues)
• La prise en charge des consultations des psychologues libéraux par la Sécurité Sociale à un tarif décent à la hauteur du niveau d’étude des psychologues, sinon ce sont les plus précaires qui vont être exclus des soins psychologiques
• Le libre choix des références théoriques et des méthodes de soins comme le prévoit le statut du psychologue
• Une réelle consultation des psychologues par le gouvernement
• L'abrogation de l'arrêté du 10 mars 2021 et du Décret n° 2018-1297 du 28 décembre 2018 relatif au parcours de bilan et intervention précoce pour les troubles du neuro-développement
• La revalorisation salariale de la grille indiciaire des psychologues de la FPH, FPT et FPE, incluant la reconnaissance du doctorat et augmentation significative du taux de promotion au hors classe. Nous avons rappelé que depuis environ 3O ans la grille de salaire des psychologues n’a quasiment pas bougé
• Réduction de la précarité et des temps incomplets
• Rappel que le psychologue est cadre de conception, il est donc responsable de ses heures et compétences propres.
• Application de la gratification au-delà de 308 heures pour les stagiaires en psychologie
• Refus du projet du Projet de loi sur l'ordre des psychologues 

Nous avons bénéficié d'une écoute attentive de la part de nos interlocutrices qui se sont engagées à faire remonter nos revendications aux ministères concernés.

Elles ont approuvé notre choix d'un rendez-vous à la Préfecture quand nous avons affirmé notre volonté de rappeler que tous les psychologues n'exerçaient pas dans le domaine de la Santé. 

Malgré un mouvement d'une importance inédite dans toute la France, nous savons que nous devrons continuer les actions dans les mois qui viennent.

Vous avez prouvé votre engagement et comptons sur vous toutes et tous pour continuer la lutte de la même façon ou sous d'autres formes. 

Martine Saget : martine-saget@hotmail.fr

Karauzum Ali : karauzumali@yahoo.fr;  SyndicatCGT@ch-le-vinatier.fr

Collectif Rhone-Alpes des Psychologues Ufmict-CGT
Collectif National Des Psychologues Ufmict-Cgt

Nous avons dénoncé l’empilement sans cohérence de dispositifs sectoriels, inadaptés aux besoins de la population et aux pratiques des psychologues: chèque étudiant, remboursement enfants-ados, expérimentation Cnam, Ecout’Émoi, Psycog ...

Il nous a été répondu qu’il s’agissait là de mesures transitoires prises dans l’urgence. L’importance de construire un nouveau modèle concernant l’activité libérale a été évoqué par nos interlocuteurs.
Concernant la rémunération des psychologues des trois fonctions publiques, notre demande de discussion a été rejetée.
Nous avons également souligné la nécessité de faire aboutir le texte législatif sur la structuration des psychologues à l’hôpital, abandonné en mars 2017.

Les conseillers du Ministère se sont engagés à reprendre rapidement les travaux avec nos quatre organisations. La mobilisation doit se poursuivre pour que les engagements soient tenus.
Nous tenons à remercier l’ensemble des psychologues pour cette journée d’action qui fera date.